Qu'est-ce que le flat management ?

Le Droit de savoir by CÉOS

Jun 2 2022 • 13 mins

Depuis quelques années, la manière de manager est en constante évolution. Il existe de nos jours, de nombreux modèles de management ; le management directif, le management bienveillant ou encore le management inclusif.

Raison pour laquelle, il est important de vous éclairer sur ce nouveau modèle en se posant quelques questions :

  • qu’est-ce que le flat management ?
  • est-ce finalement un modèle de management enviable et efficace ?
  • quelles sont les entreprises qui pratiquent le flat management ?

Qu’est-ce que le flat management ?

Le flat management est un mode managérial qui réduit à son plus simple appareil, l’intervention de la hiérarchie. L’objectif est de réduire considérablement la frontière qui peut exister entre un subordonné et son supérieur. L’objectif visé, c’est de bousculer un modèle empirique et classique : le management pyramidal.

Si je comprends bien, le flat management change les relations de travail en diminuant l’intervention de la hiérarchie, mais y a-t-il encore un chef à bord ?

Oui, une entreprise ne peut naturellement fonctionner en l’absence d’un dirigeant et sans aucune direction. Cela étant dit, certaines « start-up » démentiraient cette déclaration.

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Je ne sais pas si vous connaissez la société Valve corp ? Cette entreprise américaine, éditrice, notamment du jeu vidéo Half Life, a fait le pari, dès 1996, du flat management.

On y prétend que les salariés procèdent par exemple aux recrutements, décident des projets rentables ou non, et se partagent à tour de rôle, le commandement des projets. Il semble que cela soit un succès, puisque l’entreprise cartonne !

Votre exemple repose sur une entreprise américaine, mais est-ce que des entreprises françaises ont elles aussi adopté, le flat management ?

Les entreprises faisant le choix du flat management sont généralement des start-up. Certaines entreprises françaises ont aussi adopté ce modèle. Prenons le cas de la société « French Bureau » qui a été créée en 2016. De leur aveu dans un article de presse en 2018, les 2 associés n’imaginaient pas à leurs débuts avec 5 salariés, travailler de façon directive.

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L’article précise que l’ADN de l’entreprise s’inscrit depuis l’origine dans un modèle de flat management.

Ces dirigeants ne voulaient pas faire subir à leurs employés, les carcans d’organisations ultras hiérarchisées qu’ils avaient eux-mêmes connus.

Pour toute entreprise ; la productivité, la performance, la rentabilité font partie des exigences de réussite. Dans ces conditions, le flat management est-il enviable et efficace ?

Si j’en juge par les résultats de la start-up « French Bureau », je dirai : oui. En 2016, l’entreprise ne comptait que 5 salariés, aujourd’hui elle en compte 46. Leur chiffre d’affaires est en croissance depuis leurs débuts. Si les auditeurs sont intéressés par ce sujet, je leur conseille de se procurer l’ouvrage de Frédéric Laloux : Reinventing organisations. Il décrit les succès des entreprises qui ont fait le choix du « flat management ». C’est très intéressant et inspirant.

Le flat management semble à vous écouter, très profitable ; une entreprise qui souhaite se lancer, que doit-elle faire pour mettre en place ce mode de fonctionnement ?

Se réinventer et abandonner définitivement les vieux schémas. Pour se lancer à l’assaut du flat management, il faut en réalité transversaliser les collaborations. Cela veut dire, supprimer progressivement, toutes les frontières hiérarchiques en impliquant, voire en associant les salariés comme des partenaires clés d’un projet.

Tout doit changer : les salariés ne sont plus des exécutants au service d’un supérieur, mais des intervenants :

  • dont l’opinion compte
  • qui décident au même titre que tout le monde
  • qui font appel à des compétences plus entrepreneuriales au service de l’équipe.

C’est une vraie révolution tant en France, la hiérarchie verticale prédomine traditionnellement.

Une question que sans doute tout le monde se pose depuis le début de cette émission : qui tranche des litiges, qui contrôle le travail ? Là aussi, le flat management propose-t-il des solutions novatrices ?

Naturellement, une entreprise qui adopte le flat management, n’est pas exemptée d’instaurer des protocoles pour encadrer et traiter les litiges. Il y aura continuellement un règlement intérieur, la place de la convention collective et sa batterie de règles seront assurées. Par conséquent, il est toujours possible de sanctionner un salarié dont le comportement serait fautif ou de reprendre un salarié dont les résultats sont à la baisse. Le flat management vise à moins de hiérarchie, cela n’induit donc pas qu’il n’y a plus de hiérarchie.

Seulement, la hiérarchie est différemment impliquée, elle est du coup moins omnipotente.

J’aimerais qu’on s’intéresse maintenant, à la différence entre le flat management et le management participatif ; n’est-ce pas en réalité, la même chose ?

C’est effectivement intéressant de comparer ces deux modèles, car il y a bien une différence, même si ces modèles sont en réalité assez proches. Par management participatif, il faut comprendre une implication plus poussée des salariés à la demande d’un manager.

Le but est d’offrir une plus grande tribune aux salariés, ainsi ils peuvent :

  • échanger régulièrement sur le contenu d’un projet en cours
  • apporter leur point de vue, partager leur avis
  • proposer des solutions pour participer à la décision.

Cela étant dit, la différence se traduit dans ce modèle, par l’absence de codécision. Le manager décide seul au contraire du flat management qui suppose un partage du pouvoir décisionnel.

« Dans les années quatre-vingt-dix, le management horizontal était aussi une révolution ; j’ai le sentiment que le flat management en est une copie conforme – qu’en dîtes-vous ?

On pourrait effectivement le penser, mais à l’image du management participatif, le management horizontal est différent. Déjà, rappelons ce qu’il faut entendre par management horizontal. Il s’agit d’un modèle plus collaboratif (raison pour laquelle, certains parlent plus volontiers de management collaboratif). Par « collaboratif », on met l’accent sur la transversalité des échanges, la simplification des rapports hiérarchiques, des organisations plus agiles et une meilleure considération des membres de l’équipe.

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Mais à l’inverse du flat management, ce modèle n’est en quête que d’une plus forte adhésion des salariés.

Ce modèle est un facilitateur afin que les salariés acceptent de travailler de concert, dans le même sens. La place de la hiérarchie n’est pas remise en cause, même si elle est dans le cas présent moins pyramidal.

Pour conclure ce podcast, que faut-il rappeler à propos du flat management ?

Le flat management s’inscrit dans un modèle managérial où les vieux schémas sont remisés au placard. La hiérarchie est quasi inexistante au profit de la collégialité davantage au cœur des projets. Ce qui en fait un modèle assez singulier, c’est notamment la place de la codécision dans le processus managérial. Tous les acteurs de l’entreprise sont décideurs, et plus seulement un unique supérieur hiérarchique.