Avis de Psy

Sarah Laporte-Daube

Je m’appelle Sarah Laporte-Daube. Je suis psychologue. J’accompagne depuis plus de quinze ans des patientes et patients victimes de violences sexuelles. Je vous propose aujourd’hui une série de podcasts sur le thème des violences sexuelles. Pourquoi traiter de ce sujet là ? Parce que je me suis rendue compte au fil des années que beaucoup trop de contre-vérités circulaient sur ces violences, entravant la reconstruction des victimes, ne permettant pas de lutter contre ce fléau avec les bonnes réponses, les bons outils. Il m’a paru nécessaire de rétablir des connaissances face aux opinions et confronter les croyances aux faits, à la réalité, seule méthode permettant de se construire un avis éclairé sur ce sujet.

Les violences sexuelles donnent lieu généralement à deux types de réactions très différentes. Quand on en parle de manière abstraite, elles suscitent la répulsion et une condamnation unanime. Par contre, quand on évoque concrètement une violence sexuelle qui est advenue, on observe souvent des réactions de déni, de banalisation, de minimisation. Ces réactions là, on peut les observer dans l’entourage des victimes, chez les professionnels, mais parfois aussi dans les médias. Nos hommes et femmes politiques nous expliquent que les victimes ne parlent pas suffisamment et qu’il convient de libérer la parole. Alors face à toutes ces opinions que l’on peut entendre dans la sphère publique, il me parait nécessaire de vous donner des informations issues de la recherche scientifique. Et aussi des données issues de mon observation clinique, pendant quinze ans. Des centaines de patients m’ont raconté les violences sexuelles subies, j’ai aussi reçu en thérapie des auteurs de violences sexuelles et de ces nombreux récits, il est possible de tirer quelques enseignements, que je me propose de partager avec vous aujourd’hui.

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La mémoire traumatique
Feb 6 2023
La mémoire traumatique
La mémoire traumatique, qu’est-ce que c’est ? Bonjour à tous, je m’appelle Sarah Laporte-Daube, je suis psychologue et je vous propose un podcast sur les violences sexuelles. Aujourd’hui, on s’intéresse à la mémoire traumatique. Les souvenirs de Julie remontent à la mémoire après des années d’oubli, Anaïs, elle se souvient de l’agression sexuelle, mais dans son souvenir, elle est en dehors de son corps, elle voit la scène vue d’en haut. Antonin se demande s’il a rêvé, son souvenir de petit garçon lui parait irréel. La mémoire traumatique est étrange, elle est très différente de la mémoire à long terme, que nous connaissons tous. La mémoire à long terme, c’est un peu comme un meuble, dans lequel on peut ranger ses souvenirs, dans des tiroirs, puis les ressortir à l’occasion, parce qu’on en a envie, parce qu’on a vu quelque chose qui active la mémoire d’un souvenir. La mémoire traumatique, c’est bien autre chose : c’est une mémoire à vif, des souvenirs que le temps ne patine pas, sur lesquels le temps n’a aucun effet, aucune prise. Et puis, dans cette mémoire, on trouve des souvenirs souvent très parcellaires, précis sur certains aspects, flous sur d’autres. La mémoire traumatique, c’est aussi le lieu de l’oubli, de ce qui échappe. Alors pourquoi ça fonctionne de cette manière si étrange ? Pourquoi ces traumas empoisonnent-ils ainsi l’existence, des années après ? Et est-ce qu’il existe des prises en charge efficaces ? Aujourd’hui, on va répondre à ces questions, en explorant le monde de la mémoire traumatique. C’est parti !